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Recensions de février 2013

Publié le par Sonia Alain

Recensions de février 2013

Brèves littéraires, numéro 86

Société Littéraire de Laval

Février 2013

Sonia Alain

L'amour au temps de la guerre de Cent Ans

t.1 "La tourmente"

Les éditeurs réunis, 2012, 319 p.

Depuis La chambre des dames de la médiéviste Jeanne Bourin, paru en 1979, les romans d'amour ayant pour cadre les châteaux forts du Moyen Âge remportent la faveur populaire et, même au Québec dénué de ruines chevaleresques, des auteures s'y sont essayées avec succès. Parmi elles, Sonia Alain qui a débuté sa saga avec Le masque du gerfaut, paru chez VLB, pour la poursuivre trois ans plus tard aux Éditeurs réunis.

Contexte: une guerre va déchirer la France de 1337 à 1453. Au début du conflit, un chevalier amoureux de sa captive renie son allégeance à Édouard III, roi d'Angleterre et prétendant à la couronne de France, pour se ranger du côté de Philippe IV de Valois. La table est mise : le héros éveille la suspicion chez ses nouveaux compagnons d'armes tout en attisant le désir de vengeance d'anciens alliés. Les amoureux convolent, enfantent, et l'aventure se poursuit dans "La tourmente", le premier tome d'une nouvelle saga, L'amour au temps de la guerre de Cent Ans.

On a dit de Jeanne Bourin qu'elle avait adapté le caractère des femmes contemporaines à un contexte médiéval idéalisé et sentimental. Cela est également vrai chez Sonia Alain, à une exception près : on est loin de "l'amour courtois" ; le vocabulaire frustre et les gestes osés d'hommes d'armes de la noblesse laissent pantois. À travers l'histoire d'amour de Joffrey de Knox et Anne de Vallière, on glane ici et là des informations sur la vie de l'époque. La châtelaine et ses suivantes se distraient : elles jouent aux dames ou à colin-maillard, brodent au coin du feu, font de la musique et invitent dans la forteresse jongleurs, troubadours et acrobates (qui peuvent se révéler loups dans la bergerie). Les enfants s'amusent avec des cerceaux de jonc, des poupées de p aille ou des balais en guise de cheval. La nourriture est frugale : pain, fromage, hareng fumé, soupe, ragoût... Chaque sortie hors des murs protecteurs augmente le risque d'un combat sanglant, d'une fausse-couche, d'un assassinat ou d'un enlèvement. Les blessures sont légion et les cicatrices des cautérisations au fer chaud, monnaie courante. Sages-femmes et guérisseuses cultivent des herbes médicinales (marjolaine, thym, piloselle, lavande...) et certains hommes se servent de leurs drogues, notamment du pavot, pour abuser des prisonnières. Le héros est fort, craint de ses ennemis et passionné avec son épouse "aussi déterminée que lui" (p.9). Mais l'époque est doublement sombre : à la fin du récit, la peste noire - qu'on sait aujourd'hui venue de Chine - commence à décimer les populations plus massivement que la guerre. En procession, des flagellants - des religieux qui s'imposent des sévices corporels - implorent la miséricorde divine, pendant que Sir Knox et sa famille s'embarquent sur le Dulciné, un navire en partance pour l'Algérie. On devine, lancé sur leurs traces, le demi-frère mal intentionné du héros, de quoi relancer l'aventure dans le prochain tome.

Dans ses remerciement, Sonia Alain mentionne le comte et la comtesse de Rougé "qui ont collaboré à ses recherches sur leurs aïeux et sur le château de Tonquédec, une forteresse qui domine la vallée de Léguer" (p.198) : "le Seigneur de Rougé et son fils aîné Jean II de Rougé avaient péri au combat" (p.215). L'ouvrage compte quelques autres références historiques, par exemple les bourgeois de Calais (p.22) et la bataille de Crécy, près d'Amiens (p.30).

Brèves littéraires

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